PiHKAL – session de groupe

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Je suis en train de lire l’auto-biographie d’Alexander Shulgin, un chimiste relativement connu dans le milieu de la recherche sur les psychédélique, il est à l’origine de l’introduction de la MDMA chez les psychologues.

Dans l’introduction de son livre PiHKAL, il explique le déroulement des sessions expérimentales qu’il organise avec son groupe d’amis (11 personnes) pour faire découvrir des nouvelles drogues qu’il a synthétisé et qui valent le coup d’être partagés (niveau PLUS THREE (+++) sur l’échelle de Shulgin). Pendant 15 ans, ils ont utilisés ces règles.


Certaines règles sont observées strictement. Il doit se passer au moins trois jours sans drogues avant l’expérience; si l’un de nous souffre d’une quelconque maladie, même insignifiante, et en particulier si cette personne prend des médicaments pour la soigner, il est entendu que cette personne ne participera pas à la prise de la drogue expérimentale, même s’il choisit d’être présent pour cette session.

Nous nous retrouvons chez l’un des membres du groupe, et chacun de nous amène de quoi manger et boire. Dans la plupart des cas, celui qui héberge la session est prêt a accueillir tout le monde pour la nuit, et nous amenons des duvets ou des matelas. Il doit y avoir assez de pièces pour permettre à n’importe qui de se séparer du reste du groupe, si il ou elle le désire, afin d’être seul(e) pour un moment. Les maisons que nous utilisons ont un jardin où chacun d’entre nous peut aller passer un moment parmi les plantes à l’air frais. Des enregistrements musicaux, et des livres d’art sont disponibles pour ceux qui souhaiteraient s’en servir pendant l’expérience.

Il n’y a que deux exigences procédurales obligatoires. Il est entendu que les mots, « Les mains en l’air, » (toujours accompagnés d’un vrai levage de main par celui qui prononce ces mots) précèdent une déclaration qui concerne un problème ou une préoccupation réelle. Si je dis, « Les mains en l’air, » et que je poursuis en disant que je sens de la fumée, cela veut dire que je m’inquiète vraiment d’une odeur réelle de fumée, et que je ne joue pas une sorte de jeu de mot ou quel qu’autre sorte de fantaisie.

Cette règle est rappelée a chaque début de session, et est observée strictement.

La seconde est le concept du véto. Si une personne du groupe ressent un inconfort ou une anxiété à propos d’une proposition particulière concernant la façon vers laquelle la session pourrait évoluer, le pouvoir du véto est complet et est respecté par tous. Par exemple, si une personne propose de passer de la musique à un certain moment pendant l’expérience, et que d’autres personnes se joignent à cette idée, il est entendu que le vote doit être unanime; une personne qui ne serait pas à l’aise avec l’écoute de la musique s’assurerait alors que la musique ne sera pas jouée pour tout le groupe. Contrairement on ce que l’on pourrait penser, cette règle ne crée pas de problème, car la plupart des maisons sont suffisamment grandes pour accueillir un groupe de onze personnes pour une telle expérience, on y trouve facilement une pièce en plus pour écouter de la musique sans perturber la tranquillité des autres pièces.

Concernant les comportements sexuels. Dans notre groupe, il a été clairement décidé il y a plusieurs années, et cela a été compris et respecté depuis, qu’il n’y aurait pas de passage à l’acte suite à des pulsions sexuelles, ou des sentiments, qui pourraient surgir durant l’expérience, entre des personnes qui ne sont pas mariés ou qui ne sont pas en couple. C’est la même règle qui est utilisée en psychothérapie; les sentiments sexuels peuvent être discutés, s’il y a un désir de le faire, mais il n’y aura pas de passage à l’acte avec un autre membre du groupe qui n’est pas l’objet approprié. Bien sûr, si un couple établi veut se diriger vers une pièce privée pour faire l’amour, il est libre de le faire avec la bénédiction (et probablement l’envie) du reste du groupe.

On retrouve la même règle concernant les sentiments de colère ou les pulsions de violences, s’ils doivent avoir lieu. Afin de permettre une ouverture de l’expression, et une confiance totale, quelque soit le genre de sentiments inattendus ou d’émotions qui rentrent en scène, personne n’agira de sorte à créer du regret ou de l’embarras, sur le moment présent ou dans le futur, pour l’un d’entre nous ou tout le groupe.

Les chercheurs ont l’habitude de traiter les désaccords ou les sentiments négatifs de la même façon qu’ils le feraient en thérapie de groupe – en explorant les raisons qui créent cet inconfort, cette colère ou cette irritation. Il a été compris par tous depuis longtemps que l’exploration des effets psychologiques et émotionnels des drogues psychoactives sont, inévitablement, synonymes avec l’exploration de leur psychologie individuelle et de leurs dynamiques émotionnelles.

Si tout le monde est en bonne santé, il n’y a personne dans le groupe qui ne participe pas. Une exception a été faite dans le cas d’un participant de longue date, un psychologue dans ses soixante-dix ans qui a pris la décision, lors d’une session expérimentale, d’arrêter de prendre des drogues expérimentales. Il désirait, cependant, continuer à participer à ces sessions avec le reste du groupe et nous avons accueilli sa présence avec enthousiasme. Il a passé un très bon moment avec ce qui est appelé « high contact, » jusqu’à sa mort quelques années plus tard, suivant une chirurgie cardiaque. Nous l’aimons et il nous manque encore.


PiHKAL est publié par Transform Press, cette traduction a été mise en ligne avec leur accord.